Expédition au Cho-Oyu - Pratique |
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Les informations qui suivent permettront aux personnes tentées par une telle aventure d'en savoir un peu plus sur les aspects pratiques liés à l'organisation et au déroulement de notre expédition. Il faut toutefois être conscient que la réussite de ce projet dépend de nombreux facteurs dont certains ne sont pas maîtrisables, quelque soit son niveau et son expérience (conditions de l'itinéraire, météo, santé et effet de l'altitude...). Il appartient donc à chacun de connaître ses limites et de savoir renoncer à tout moment. Organisation générale de l'expédition La préparation de cette expédition a débuté environ une année avant le départ, avec le calendrier approximatif suivant :
Afin de mettre toutes les chances de notre côté et pour ne pas se focaliser sur le seul but d'atteindre un sommet, nous avons choisi d'effectuer ce voyage en deux parties bien distinctes. Dans un premier temps, un séjour de quatre semaines au Ladakh, nous a permis de nous acclimater tout en profitant de visiter cette région magnifique. Nous avons effectué deux treks, un dans la région de Leh et un dans la région du Lac Tso Moriri. Après quatre semaines, l'acclimatation est déjà bien lancée et le corps produit des globules rouges favorisant le transport d'oxygène (voir physiologie et acclimatation). Dans un deuxième temps, nous sommes repartis en direction du Népal pour démarrer l'expédition. Nous avons limité le séjour à Kathmandu au minimum (2 jours), afin de conserver le bénéfice notre acclimatation pour nous rendre au Tibet. Ce choix nous a permis de dormir sans problèmes à Tingri (4300 m) après 2 jours de route. La montée s'est faite ensuite progressivement avec 2 nuits au camp chinois (4800 m) et une nuit intermédiaire (environ 5300 m) avant d'arriver au camp de base avancé (5730 m). Nous avons ensuite passé une dizaine de jours au camp de base avancé avant la première nuit au camp I (6430 m). Il nous a semblé particulièrement important de prendre tout son temps au camp de base, même si les membres des autres expéditions, souvent pressés par le temps, avaient déjà effectué un ou deux séjours au camp I bien plus tôt. C'est ici que deux paramètres prennent toute leur importance : se retrouver avec des personnes avec qui l'on s'entend bien et avoir de la nourriture qui donne envie de profiter de son temps au camp de base! Le fait de faire soi-même la cuisine nous a imposé une longue réflexion sur les menus et sur les particularités de la cuisine en altitude (voir nourriture et cuisine d'altitude). Ceci nous a été particulièrement utile dans les camps supérieurs où les conditions deviennent d'autant plus difficiles. Fiche technique Du camp de base avancé au camp I : Depuis le camp de base, il faut suivre la moraine du glacier principal (Gyabrag), d'abord vers l'est, puis vers le sud. Après environ 3km, il faut prendre une petite pente raide sur la gauche qui mène au pied de la killer slope. A cet endroit se trouve également le camp dépôt (environ 6000 m). La killer slope (cheminement dans une pente raide et dans des blocs) se termine dans la neige et mène directement au camp I (6430 m). Compter environ 3h30 depuis le camp de base (bien acclimaté et sans sac lourd!). Du camp I au camp II : Le cheminement se fait sur une arrête neigeuse, avec quelques ressauts jusqu'au pied de l'Ice Fall (6800 m). Ce passage de neige/glace d'une cinquantaine de mètres à 60° - 70° peut varier fortement d'une année à l'autre. Il est généralement équipé de cordes fixes. Après ce passage, on atteint directement un premier plateau (environ 6900 m). Des pentes de neige mènent à un deuxième plateau, au pied de la face nord-ouest, où se fait généralement le camp II (7160 m). Compter environ 4h entre les deux camps. Du camp II au sommet : La montée depuis le camp II se fait en traversée sur la gauche dans des pentes moyennes (35-40°) pour rejoindre une arrête neigeuse menant au camp III, au pied du Yellow Band (passage rocheux d'une vingtaine de mètres en II/III) à 7750 m environ. Au dessus du Yellow Band, une pente de 45° d'abord, puis de moins en moins raide, mène sur une croupe (environ 8000 m). Finalement, une dernière pente de 200m à 30° mène au plateau sommital à près de 8200 m. Pour atteindre le sommet proprement dit, il faut encore traverser ce plateau sur près de 2 km. On sait que l'on se trouve au sommet véritablement lorsqu'apparaissent l'Everest et le Lhotse en arrière fond. Compter 10 à 11 h depuis le camp II. L'illustration qui suit permet de se faire une idée de l'itinéraire de la voie normale (versant nord ouest) du Cho Oyu. Le profil d'altitude ci-après permet de se faire une idée des différentes étapes de progression en altitude. Chaque nuit est représentée par un point sur le graphique. Les tronçons en rouge ont été effectués en véhicule, les tronçons en bleu à pied. Il faut être conscient que cette illustration représente une situation après un séjour de 4 semaines entre 3500 et 6000 m au Ladakh. Sans cette acclimation préalable, il serait indiqué de prendre encore plus de temps lors de la montée (Nyalem, Tingri, BC). Une préparation soigneuse du matériel est indispensable, tant pour la réussite que pour la sécurité. La question de l'oxygène sera abordée dans le chapitre physiologie et acclimatation. Le matériel peut être divisé essentiellement en :
Pour décharger la liste du matériel que nous avions prévu : liste-materiel.pdf Vêtements et équipement technique Les vêtements et l'équipement technique ont été achetés et souvent testés avant le départ. Une partie du matériel de campement (camp de base essentiellement) a été acheté ou confectionné à Kathmandu. Campements Le choix du matériel est fortement lié à la stratégie d'ascension. Dans notre situation, nous avons décidé de monter une expédition dite "légère", de manièreà être capables de monter nous-mêmes les différents camps. Pour 4 personnes ayant effectué l'ascension, nous avions installé les campements suivants :
Pour le camp de base, nous avons décidé de réaliser une tente mess, qui a été notre local commun où nous avons passé la majeure partie du temps. Cette tente a été réalisée sur mesure, chez des couturiers de Kathmandu, avec de la toile tissée (type bâche). Le mât central de quelque 2.7 m de haut et les 6 mâts latéraux sont en bambou.
En altitude, la densité de l'air diminue, pour atteindre une pression de l'ordre de 500 mbar à 5500 mètres et moins de 300 mbar à 8200m. La pression partielle d'oxygène diminue selon la même échelle; il ne reste donc que 30% d'oxygène au sommet par rapport à la pression à laquelle on est habitué en plaine. Pour que le corps puisse s'adapter à ce manque d'oxygène, il est important de respecter une ascension progressive. A terme (2-3 semaines), la fabrication de globules rouges permet d'améliorer le transport d'oxygène par le sang, et ainsi de s'acclimater à l'altitude. La conséquence est une viscosité du sang accrue (risques de thrombose et de gelures liées à une moins bonne circulation du sang dans les vaisseaux). Il est donc important de toujours s'hydrater suffisamment, de manière à fluidifier le sang. Il est également possible de renforcer cet effet en prenant, à petites doses, des aspirines (cardio 100 mg). La déshydratation est d'autant plus accentuée que l'air respiré en altitude est très sec. Nous buvions généralement entre 5 et 7 litres par jour et par personne pour compenser ces pertes. L'air sec provoque également un dessèchement des muqueuse et des maux de gorges. Il est important d'avoir suffisamment de pastilles à sucer et de prévoir de quoi faire des rinçages de nez ou de la gorge à l'eau salée.
Oxygène Nous avons opté pour une expédition sans oxygène. En effet, nous avons jugé que la sécurité de l'oxygène transporté avec soi était très relative, surtout si le système gèle ou tombe en panne. Le fait de renoncer à l'oxygène oblige à adopter un rythme plus lent et à prendre plus de temps pour l'acclimatation. Nous avons également pris cette décision pour des questions de respect du site. Lorsque l'on atteint le plateau sommital, le parcours est jalonné de bouteilles d'oxygènes (parfois vides, parfois pleines, comme réserves pour les prochaines tentatives d'ascension). La plupart des bouteilles finissent probablement leur vie dans la montagne... Nourriture et cuisine d'altitude Dans une expédition, les temps d'attente sont souvent très longs. Dans des conditions parfois difficiles, la nourriture prend une place particulièrement importante et nous avons vu beaucoup de monde perdre 10 voire 15 kilos par manque d'appétit et lassitude. Il est donc primordial d'emporter avec soi des aliments que l'on apprécie. Une partie de la nourriture a été achetée en Suisse. La plupart des aliments frais et périssables ont été achetés sur place, durant notre court séjour à Kathmandu. Nourriture achetée en Suisse
Nourriture achetée au Népal
Le voyage au Ladakh nous a permis d'apprendre beaucoup sur les méthodes de cuisine en altitude, grâce à notre guide-cuisinier Namgyal. Il est par exemple tout à fait possible de cuire du riz à 5700 m, à condition bien entendu d'avoir une marmite-pression. Pour le camp de base, nous avons choisi un réchaud Tata au kérosène, acheté sur place à Kathmandu. Un seul bidon de 30 litres nous a amplement suffit pour les 4 semaines d'expédition. Avec du gaz, il faudrait une dizaine de bouteilles. Nous avons eu de la chance d'avoir de l'eau qui ruisselait à proximité du camp de base, ce qui évite de fondre la neige. Certaines années, il faut marcher 10 à 15 minutes sur le glacier pour trouver de l'eau.
Ressources et liens Cartographie
Description du Cho-Oyu et de la voie normale
Matériel
Médical
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